PARAGES
26  – 28 février 2016
Exposition collective en appartement 



© Photos - Maxime Milanesi

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Avec : Antonin Anzil, Théa Brion, Julie Brugier, Jean-Baptiste Caron, Idir Davaine, Juliette Goiffon & Charles Beauté, Linus Lohoff, Kévin Lucbert, Benoît Magdelaine, Mariana Moreira, Kasper Pincis, Jeanne Riot, Juliette Vivier, Chloé Wizla, Thibault Zambeaux

Curateur : Thomas Havet


PARAGES. Dès qu'on cherche à le définir, le mot semble se dérober. Au début, c'est de l'eau, l'eau qui n'est pas loin, qui entoure le port : « Étendue circonscrite sur la mer aux abords d'une île, d'un cap ». Seulement, lorsqu’on se risque sur les eaux proches et connues, le beau temps s’ombrage et les cieux se déchaînent, le courant nous fait dériver, la houle nous fait tanguer, et on chavire vers des terres inconnues.
La meilleure appréhension des parages est peut-être l’épopée de Ned Merrill dans The Swimmer qui, une fois sorti des bois, nature sauvage et élégiaque, plonge dans la piscine d’une propriété aisée du Connecticut et décide face à ses amis médusés de rentrer chez lui en nageant de piscine en piscine. « I can swim home » : tel un héros divin, il s’élance pour un chemin de croix serpentant la colline au travers des rectangles d’eaux domestiquées.
Les parages sont cette rivière de piscines, ce paysage qui se modifie lentement, cet horizon qu'on croit à portée de pied et qui n'en finit pas de reculer dans le lointain, ce territoire fantasmagorique ou terriblement réel, qui défie les échelles et invente de nouvelles topographies, quelque chose de tout petit qui se révèle très grand. Quel territoire est plus mouvant que celui de l’entre-deux ? Une zone où tout est possible, une cartographie dont les contours se dessinent lentement à l'encre de Chine ou au béton armé, un carnet de voyages à demi-noirci, quelque chose de pas encore extraordinaire mais de déjà plus tout à fait ordinaire. « Un voyage, fût-il de mille lieues, commence toujours par un premier pas », a dit Lao-Tseu. Les parages sont accessibles par ce premier pas, par un deuxième, un troisième, par les premiers pas d'un explorateur (avant d'aller très loin, il a bien dû commencer par aller tout près) et par tous les pas de côté qui suivront ; c’est en croyant mettre le cap sur les Indes orientales que la Pinta, la Niña et la Santa Maria découvrent soudain les Amériques. Les parages ne sont jamais bien loin, mais pas entièrement près, sinon c'est bien simple, ce serait « ici ». Les Japonais ont une bonne distinction lexicale pour désigner la distance entre nous et les choses : « kore » (ici proche de moi), « sore » (ici proche de toi) et « are » (là-bas). Peut-on imaginer que le « kore » de l'un est le « sore » de l'autre, voire l’ « are » d'un troisième ? Plus on avance, plus les parages qui nous entourent changent, puisqu'ils avancent avec nous.

De leurs pérégrinations, seize artistes livrent ici leurs parages, qu'ils soient permanents ou fugitifs.

Texte : Madeleine Lombard et Thomas Havet
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Double Séjour , Paris XXème

26 février 2016
Vernissage sur invitation
27 - 29 février 2016
Exposition


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© Photos – Maxime Milanesi
001a – Parages, vue d’exposition
001b – Détail, Antonin Anzil, Rivages, 2015
001c – Jean-Baptiste Caron, Le minuit des mondes, 2015


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