IL FAIT TOUJOURS PLUS SOMBRE EN BAS
09 – 19 novembre 2018
Grande Surface invite Double Séjour



© Photos - Double Séjour
_
Avec : David Ancelin, Théophile Brient, Antoine Donzeaud, Pauline Lavogez

Curateur : Thomas Havet


188 rue Théodore Verhaegen. 1060 Saint-Gilles, commune de Bruxelles.
Le lieu semble vide.
Quelques câbles, un fax, ce texte.

Au rez-de-chaussée, un espace aux caractéristiques domestiques ouvert par la vitrine sur la rue. Le parquet au sol d'une pose somme toute assez classique et la grande hauteur sous plafond rappellent les volumes intérieurs bruxellois sans excès de bourgeoisie. Un d'escalier anachronique, d'apparence provisoire ou de dépannage mène au sous-sol sans que l'invitation à descendre ne soit excessive.

Un garde-corps métallique de type échafaudage complété d'une modeste rambarde en bois lui a été ajoutée. L'installation est précaire bien que solide.

Selon les dires des habitants du lieu et mes réminiscences d'une précédente visite le sous-sol est particulièrement atypique et bien différent de l'espace du rez-de-chaussée...en restant toute fois un espace de sous-sol classique. Bas de plafond, il sent l'humidité. Des tommettes aux formes hexagonales dessinent son sol. Elles ne sont cependant pas de cette couleur rouge bordeaux classique. Étonnement leur coloris en noir et blanc évoquerait plutôt la surface d'un ballon rond adapté à la pratique du football ou de l'archétype de ce dernier ; en plus grisé, je crois.

Deux dalles en verre au plafond amènent une lumière diffuse depuis la vitrine sur rue et quelques tubes fluorescents sur des réglettes métalliques sont fixés sur les murs qui craquellent. Une fois allumés ils baignent l'espace d'une lumière qu'on pourrait qualifier avec une once de cynisme de blafarde,     mais ce qui serait inexacte tant l'intensité lumineuse et la température de couleur des fameux tubes fluorescents (dont l'existence arrive bientôt à terme) se rapprochent, davantage, à la fois d'une lumière adaptée aux espaces de white cube comme aux espaces de sous-sol.

Il paraît qu'au sous-sol on a vu....

Au sous-sol on cache, des choses comme des gens. On cache le sale, le capharnaüm. Ca sent le salpêtre et le décrépi. Parfois ça pue. La lumière y est souvent blafarde (C.Q.F.D.), jaunâtre et/ou bricolée. Où on y stocke, des choses comme des gens. La lumière y est rouge, excitante, rarement mais parfois. Mais qu'il y a-t-il au fond. Ne serait-ce qu'un passage vers le fond plus profond, plus obscure. Cour des miracles : entrailles de la ville et catacombes. Ici exultent les pratiques, les saloperies que les censeurs veulent dissimuler aux regards puritains de la ville. Le sous-sol est backroom. Lieu de débauche de choses comme de gens : sexe et cartons. Origines du monde - porte de l'enfer et/ou du paradis. Porte, sas, vestibule. Dépressurisation. Suivre les lumières, ne pas se retourner, Hadès n'a qu'une parole.

Descendre comme replonger au fond de soi ; mélancolie, pureté, confessions.

Le sous-sol comme un miroir, attraction au double sens. Relevant à la fois de l'attraction pure, chimique et physique, impossible de s'empêcher de descendre ; attraction - tentation. Et à la fois de l'attraction - divertissement, se faire peur ou se souvenir, comme dans un train fantôme, élément central de la foire aux manèges. Descendre comme monter dans le train, sans savoir où l'on va, quel monstre factice va surgir et réveiller, en vous, en moi, en nous des monstres bien réels avançant vers le jardin des délices.

Il fait toujours plus sombre en bas.

Texte : Thomas Havet
_

Grande Surface
188 rue Théodore Verhaegen
1060 Saint-Gilles, Bruxelles

09 novembre
Vernissage
10 – 19 novembre
Exposition


001a


001b

001c

© Photos – Double Séjour
001a – Il fait toujours plus sombre en bas, Vue d’exposition
001b – Antoine Donzeaud,
001c – Théophile Brient


Index    Next︎


Mark